De manière tout à fait inconsciente, pour voir un paysage, votre corps va s’immobiliser et bien souvent se mettre en position assise. Votre regard va alors voyager et explorer l’espace qui s’offre à vous.
Pour voir une photo et en saisir les nuances, il faut entrer dedans !
Entrer dans une image demande comme pour le paysage certaines conditions.
Il faut pouvoir laisser son regard glisser sur la surface plate. Cette exploration du regard va prendre plusieurs secondes. La notion de temps est donc incontournable et pour être efficace elle nécessite que les autres parties du corps se mettent en arrêt.
Avec un smartphone, la probabilité que le clic-vu-clic rapide soit pratiqué est très élevée.
La notion de temps dans l’observation est donc très courte et de toute façon les dimensions des écrans de ces appareils sont trop petites et ne permettent pas au regard de voyager puisqu’il englobe la totalité de la surface en un seul coup d’œil. Entrer dans une image par ce type d’appareil est superficiel.
Finalement le rapport entre une photo et le paysage est le même. Vous pouvez très bien voir un paysage et le trouver beau tout en marchant, mais la perception de son espace en sera limitée car une grande partie de votre attention est tournée vers le mouvement de votre corps afin d’assurer son équilibre.
Donc oui, visitez, voyez, cliquez, mais revenez plus tard vers l’image avec un écran de plus grande dimension en étant assis et en laissant à votre regard du temps pour explorer cette photo.
Pour entrer dans le concret je vous propose de visiter la photographie présentée ci-dessous. La vue en petite dimension vous fera voir une photo de vieille balançoire abîmée dans des tons assez neutres. Il est à peu près certain que le mouvement, et l’espace temporel qui vont avec, passeront inaperçus.
Maintenant, asseyez vous, et ouvrez cette photo sur écran plus grand en vous laissant du temps. Votre regard va explorer la surface, faire des aller-retours et peut-être allez-vous commencer à sentir le mouvement. La balançoire bouge !
Cliquez sur l’image pour la voir dans une dimension plus grande.
Et si vous avez encore du temps revenez sur cette page pour finir de lire ci dessous l’importance qu’aura votre façon de poser votre regard sur cette photo
Dans notre façon de poser notre regard sur une image, la notion de temps est toujours présente. Le temps qu’il faut pour regarder une photo, mais également le temps qui peut être présent sur une image fixe.
La notion d’espace temporel est totalement absente de notre perception du monde et c’est regrettable. Tout ce que nous faisons doit avoir des conséquences que nous devons pouvoir visualiser rapidement.
Hors dans un flux naturel, les conséquences d’une action ne peuvent être pensées qu’à une échelle plus grande que notre présent. Pour l’espèce humaine nous pouvons prendre comme repère l’espace qui sépare 2 générations qui est de 25 ans.
Il faut donc bien comprendre que le monde dans lequel nous vivons s’est construit il y a 1 ou 2 générations donc il y a 25 ou 50 ans. Ce que nous faisons aujourd’hui n’aura de conséquence que dans 25 ou 50 ans ! Il nous faut donc arrêter de croire que notre espèce est assez puissante pour changer le présent !
Nous ne pourrons pas aider la nature, et donc l’espèce humaine, à surmonter les difficultés annoncées tant que nous n’arriverons pas à mieux nous situer dans cet espace-temps.
Plus que toutes les discussions sur nos modes de vie (nucléaire, charbon, voiture, etc…) je pense que le grand changement doit se faire à l’intérieur de nous-même pour arriver à changer collectivement le regard que nous avons sur la nature et sur la place que nous y occupons.
Et la façon dont vous allez vous plonger dans l’observation de ces photographies fait partie des éléments qui vont construire le monde futur.
