Le présent ne peut être compris que si nous sommes capables
de voir les chemins qu’il a emprunté pour venir jusqu’à nous.
Sans ce regard, notre perception ‘du nous’ est fausse.
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Charrette
Voir le texte de l'auteur CommanderDeux dates pour cette photo.
Une pour sa création et une autre plus récente qui correspond au moment où je me suis dit qu’il fallait que cette photo soit dans mon album.Tout est dit dans la description et dans la couleur de la photo.
Cette image me plonge immédiatement dans cette terre dans laquelle je me sens intimement lié. Elle est en moi que je le veuille ou non.Beaucoup de nostalgie, car elle traite d’un temps révolu, dont on sait qu’il ne reviendra jamais.
Quand je vois cette charrette, il me vient aussitôt l’image de la Mamé. Des histoires qu’elle racontait sur ses parents paysans, si dépendants de la terre pour leurs besoins quotidiens. Un monde si différent et à peine perceptible dans ces réalités quotidiennes pour nous.
La charrette en elle-même exprime la fin d’un monde ancien. Cela va si bien à cette terre qui est celle de mes ancêtres. Les couleurs sont plus contrastées. Le vert, notamment trop vif pour exprimer une fin totale, et dans lequel on sent bien qu’il va forcément pousser quelque chose.
La charrette va finir de se décomposer et disparaîtra du paysage.
Mais ce paysage lui va continuer de vivre.
Des fleurs ?
Un champ de blé ?
Une maison ?Le soleil qui éclaire le champ ne laisse aucun doute.
L’histoire va continuer …Charrette
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La Balançoire
Voir le texte de l'auteur CommanderToujours là, avec mes vieux bouts de bois !
Plus que la pierre, je pense que les arbres et le bois exprime pour moi des sentiments surprenants. Il semblerait que je leur attribue une vie ou une conscience qui me ferait pencher vers une tendance à prendre les légendes des trolls pour véritable ! Il faudra bien un jour que je me pose réellement la question.
Dans cette photographie on pourrait y lire l’histoire d’une enfance cassée. La mienne ? Inconsciemment peut-être. Elle n’a pas été facile. Mais le message n’est pas si clair que cela, il faut peut-être aller au-delà de cette première lecture.
L’arbre qui grandit, quoi qu’il fasse, quel que soit son environnement futur sera de toute façon en partie conditionné par ses racines. Profondes et bien ancrées, il pourra devenir un grand arbre. Si le terrain dans lequel ses racines s’ancrent est difficile, il lui sera difficile de tenir, de manière stable une grande ramure. Heureusement il y a dans la nature des capacités d’adaptation qui font que les histoires ne sont jamais écrites à l’avance.
Alors oui, il y a forcément de cela dans cette image. Mais je ne suis pas certain que cela soit ce qui me touche le plus et qui en fasse l’essentiel.
Ce qui me touche autant, c’est surtout cette notion du temps qui passe ou qui est passé. Ces choses qui ne reviendront plus. Cette balançoire n’est pas n’importe laquelle, puisque c’est celle de ma fille. Il n’y a chez moi aucun regret vis-à-vis de ce temps-là. Simplement un flot d’émotions créé par le souvenir. Dans ce cadre-là, les souvenirs sont tous positifs. Comme quoi d’un coup nous sommes loin de la première lecture simpliste de l’enfance cassée. Nous sommes plus dans la nostalgie et le bonheur qui par définition ne peuvent aller que de pair.
J’ai construit cette image en voulant exprimer clairement le temps qui est passé. Un symbole des jeux d’enfants. Le bois est ancien et semble avoir beaucoup servi. La photo de l’objet seul aurait pu être statique et finalement sans autre intérêt que de faire passer de la tristesse. En jouant sur le cadrage et sur l’effet de couleur j’ai tenté de donner du mouvement à la balançoire. La balançoire semble bien posséder son propre mouvement, celui de la vie. Elle exprime bien, que si les choses ne sont plus, on peut imaginer que l’enfant qui jouait là est aujourd’hui dans un présent plein de dynamisme et dont l’origine se trouve ici, dans cette image-là, à ce moment-là.
Mais oublions tous ces mots. Quand je regarde cette image je suis totalement submergé par la nostalgie. Le mouvement de la balançoire est fantomatique. J’ai photographié le souvenir au sens large du terme. J’en suis heureux.
La Balançoire
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La Bicyclette Bleue
Voir le texte de l'auteur CommanderLorsque dans un décor tout s’efface pour ne laisser transparaître qu’une émotion.
Le vélo était ancien, et pourtant il reposait à l’abri d’un pin et il était dépourvu de tout dépôt de terre ou de feuille. On aurait pu croire qu’il venait juste d’être placé là. Le contraste entre ces deux notions d’ancienneté et de récent qui se juxtaposent était troublant.
Il ne manquait plus que les éclats de voix des enfants, et pourtant, si j’étais prêt à les entendre, je savais qu’ils étaient passés depuis longtemps. Le temps passé que l’on sait révolu et qui reste à proximité de chacun de nous.
Le calme de la forêt, la lumière douce, et cette bicyclette bleue usée qui donnait l’impression d’être venu se reposer sous un arbre accueillant comme le ferait n’importe quel promeneur.
Le passé dans le présent, un moment d’intemporalité.
La Bicyclette Bleue
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Le Passage
Voir le texte de l'auteur CommanderQuand je regarde cette image ce sont les doigts d’un enfant de 10-15 ans que je vois en train d’ouvrir cette boîte aux lettres.
Les miens.
Ce n’était pas systématique, mais cela m’arrivait d’aller ramasser le courrier.La photo a été prise alors que la maison était déjà vendue. Mais l’aspect vieillot de cette boîte est celui que j’ai toujours connu. Certainement à cause de ce nom peint qui s’estompait déjà lorsqu’il y avait de la vie dans cette maison.
Et c’est ce qui m’impressionne dans cette image.
Elle ne correspond pas à un monde finissant qui a vieilli car je l’ai toujours connu ainsi !
Cette image correspond bien à mon souvenir. Elle se conjugue au présent et non pas au passé. Et pourtant tout dans son apparence nous attire vers le passé !Toute une contradiction.
Alors peut-être que cette lucarne n’est qu’un passage.
Un passage … Pas une fin, non, un simple passage.
La fente noire ouvre sur un autre monde, où la notion de temps semble abolie.Passer de l’autre côté paraît inquiétant.
La lucarne est sombre, l’inconnu ne pouvant être maîtrisé, il en est naturellement inquiétant.Quant à moi, le sentiment qui me domine est une énorme bouffée de nostalgie devant cet enfant qui vient ramasser le courrier pour ses grands-parents. L’enfant aujourd’hui a 52 ans.
Le Passage
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Le Silence
Voir le texte de l'auteur CommanderSouvenir de chaleur étouffante.
Au mois de juillet, au milieu de la journée, il n’y a plus rien sur cette terre.La chaleur y est si sèche, si terrible, que plus rien de vivant ne bouge. Même la végétation se fige dans un immobilisme parfait. Pas une brise, rien ne bouge et donc pas un bruit non plus.
Le silence s’installe.Ce souvenir bien réel de ces débuts d’après-midi, je le revis bien avec cette photo.
Mais je ressens surtout autre chose de très net.
Je suis devant un monde qui se termine.
La fin de quelque chose.Celui qui a fait cette photo n’est plus un enfant.
Mais surtout, il prend conscience que ceux qui étaient là, avec lui, sont partis et que le retour vers l’arrière est impossible.Ce monde-là est révolu et pourtant toujours présent en lui.
Le Silence
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Regain
Voir le texte de l'auteur CommanderLa maison est en ruine. Située en zone sismique, plus personne ne peut plus rien en faire et son avenir est écrit, elle va disparaître.
Regain se dit de la seconde fructification du figuier. Le mot s’entend en général au sens d’un retour de vigueur qu’exprime bien, dans cette photo, le cerisier qui a su trouver sa place au milieu des ruines et vient à rappeler la vie.
La notion de fin est personnelle et purement égoïste. Un sens étriqué du monde et de son dynamisme. Tout est mouvement et en perpétuelle construction.
Mais une naissance est aussi un départ.
Il suffit juste de se situer dans la dynamique du temps, et de se demander non pas ce que l’action personnelle engagée peut rapporter dans l’instant, mais plutôt comment elle peut se situer entre l’avant et l’après.
Regain
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Indien Tarahumaja
Voir le texte de l'auteur CommanderJe ne peux pas appeler autrement cette photo car j’aurais trop l’impression de trahir le personnage photographié. Appeler différemment cet indien, ce serait s’approprier une partie de lui, et là je ne peux pas. Il doit rester libre, d’où la description presque géographique qui l’accompagne : Indien Tarahumaja. Tarahumaja étant le nom de son peuple.
Pourquoi donc cette image me-plaît elle autant ? Le contraste entre le Nike et la tenue traditionnelle de l’indien ? Ce contraste-là n’est pas superficiel. Lorsque j’ai pris cette photo, nous sommes à plusieurs heures de marche du dernier village mexicain, qui est lui-même dans un bout du monde difficile d’accès. J’ai pris cette piste, car je savais que c’était par-là que vivaient les derniers représentants de ce peuple, qui a été le dernier peuple indien libre d’Amérique centrale.
Nous sommes dans le désert, dans une chaleur sèche et accablante. Et nous l’avons croisé. Il nous a laissé approcher. Il a accepté d’être photographié. Alors oui, mon regard a été attiré par le Nike qui contraste avec le personnage. Comment ces 2 mondes peuvent il exister en même temps ? Mais je crois que ce qui me touche le plus n’est pas dans ce sujet.
Pour moi, c’est un Indien, je veux dire un vrai indien. Un indien qui s’habille comme un indien, qui vit dans le désert, loin de tout. C’est le dernier survivant de son peuple. Pourchassé par les blancs, rejeté de tous les territoires où on peut vivre décemment (présence d’eau et de végétation), il a accepté de vivre dans le désert pour continuer d’être lui-même.
Quand je dis accepté, cela peut ouvrir à discussion. Il vaudrait mieux dire qu’il n’a pas eu le choix. Beaucoup des siens portent encore l’habit traditionnel mais vivent dans les villages blancs périphériques. L’acceptation est peut-être tout simplement une impossibilité d’évoluer, une difficulté à se détacher du monde d’où vient sa famille. Mais quand on sait le courage dont on fait preuve ces indiens, se rebellant encore dans les années 1930, pour garder leur liberté et résister au blanc envahisseur on pourrait aussi parler de résistance.
Comme un enfant peut l’imaginer, le rêver. J’ai rencontré un rêve. Un héros sorti d’un film de cow boy. ça me touche, car je suis à la fois l’enfant de 10 ans qui joue à être indien ou cow boy. Je suis émerveillé, car adolescent, j’ai eu ce rêve de vivre une grande aventure, de découvrir des territoires inconnus et donc des peuples nouveaux.
Ce jour-là, à l’instant où j’appuyais sur le déclencheur de mon appareil photo, j’étais tout cela : l’enfant, l’adolescent et le jeune homme explorateur. Avoir cette sensation de vivre un rêve est une satisfaction immense, un aboutissement. Quand une idée, une image d’enfant devient réalité.
Nous ne sommes plus loin de Peter Pan et de la fée clochette, nous en sommes même au-delà. Car après tout Peter pan est un dessin animé et là j’étais dans une réalité. L’appeler différemment ce serait peut-être admettre que la vision n’était que fugitive ou superficielle. Ce sera donc l’Indien de la tribu des Tarahumaja.
Indien Tarahumaja
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